PERTE DE POIDS, BOULIMIE, OBESITE
De nos jours, la société accorde une place relativement importante au corps et tant mieux, puisque la rupture entre le corps et la psyché était une réalité pendant une bonne partie de l’histoire occidentale. Tantôt la religion, tantôt des disciplines comme la psychanalyse, tantôt l’éducation elle-même, considéraient le corps comme une simple enveloppe, allant parfois jusqu’à le condamner.
La réconciliation entre le corps et l’esprit est bien en marche. Il existe ainsi plusieurs moyens de s’y engager. Toutefois, certains d’entre eux restent illusoires : par exemple, lorsque l’on cherche à dominer son corps, à le façonner, parfois avec violence… mais en le niant, en ne l’écoutant pas, en oubliant l’élan vital qui est en nous.
Le manque d’écoute et le lien altéré entre le corps et l’esprit auxquels sont confrontées certaines personnes renvoient certainement à une histoire personnelle, à des souffrances parfois. Certains auteurs, comme le psychiatre Wilhelm Reich, estiment d’ailleurs que le corps exprime une histoire émotionnelle, à travers ses déformations et parfois ses souffrances psycho corporelles.
Je t’aime, moi non plus
Prenons deux exemples qui illustrent parfaitement le lien altéré entre le corps et l’esprit :
1) les culturistes : guidés par le culte de la performance, ces derniers cultivent leur corps, en se faisant fréquemment violence, pour le modeler, le faire grossir selon des standards. Ces derniers prennent souvent plaisir à s’observer, à se comparer aux « standards ». Or, ce plaisir est lui-même souvent à l’origine de souffrances, soit présentes (tendinites, pathologies récurrentes liées aux charges lourdes…), soit futures (problèmes rénaux liés à des régimes hyper-protéinés suivis au long cours, hernies, arthrose…).
2) les personnes en surpoids (obésité, boulimie) : elles présentent également une forme de dualité qui peut sembler ambiguë. En effet, d’un côté elles peuvent éprouver du plaisir à manger ; de l’autre, ce plaisir est lui-même objet de souffrances (« je ne me supporte plus », « je ne suis plus en mesure d’être aimée », « je suis monstrueuse quand je me vois dans un miroir »…).
Aussi curieux que cela puisse paraître, dans les deux cas, les limites ne sont pas clairement établies entre la prise de masse (musculaire ou grasse) et la prise de risques. Car la culture physique excessive comme l’obésité peuvent être à l’origine de multiples pathologies (HTA, diabète, problèmes ostéo articulaires…). Les similitudes entre ces deux exemples pourront peut-être réduire la culpabilité des sédentaires et, surtout, rassurer les personnes en surpoids, pour lesquelles la sophrologie trouve des applications particulièrement privilégiées !
Les régimes alimentaires, l’exercice physique adapté, certaines interventions chirurgicales (ballon gastrique, techniques gastro plastiques) sont des réponses concrètes et particulièrement efficaces. Cependant, ces démarches sont d’autant plus efficaces si la personne restaure son lien corps/esprit, en se réappropriant le droit d’avoir un vécu corporel dénué de culpabilité, de honte, de complexes sous-jacents. L’écoute du corps et la pleine conscience psycho corporelle permettent ainsi de s’offrir un plaisir corporel (aussi mineur soit-il, il restera plaisir) : sensations de détente, de plénitude, d’harmonie…
Grâce à la sophrologie, les dualités évoquées ci-dessous sont apaisées et disparaissent. Le Dr Auquier souligne que « le Moi qui veut maigrir et le Moi qui veut manger ou qui ne veut pas maigrir se redécouvrent ».
De l’écoute de soi à la redécouverte de soi
Dans ce contexte, la sophrologie vise plusieurs objectifs :
- la gestion du stress liée au régime voire à l’intervention chirurgicale (dans le cas d’une gastroplastie par exemple)
- l’intégration de changements de vie : nouvelles habitudes alimentaires, nouveau regard sur soi, activités physiques le cas échéant
- la présence de sa corporalité et l’intégration de son schéma corporel (notamment futur) : dans ce cas, cela permet de prévoir voire d’accompagner la motivation (quelquefois même les effets « yoyo » liés à certaines conduites alimentaires inadéquates).
Il apparaît même que le travail sur la seule gestion du stress peut être un vecteur non négligeable de perte de poids, lorsque la personne compense son stress par des automatismes ou des pulsions alimentaires (la barre chocolatée à 17 h, dès le retour du travail…) ou qu’elle grossit justement du fait de son stress, alors même qu’elle a une alimentation quasi normale.
Le concours de la sophrologie s’inscrit nécessairement dans une démarche collégiale, entre les deux parties de la personne (les deux « Moi »), le professionnel de santé (médecin nutritionniste, par exemple) et, le cas échéant, entre le masseur-kinésithérapeute, l’ostéopathe, l’équipe paramédicale voire l’association en charge de l’accompagnement de la personne.
Concrètement, et hormis les techniques de base, les séances de sophrologie viseront à intégrer certaines techniques spécifiques, comme la recherche du geste signal associé à une sensation de satiété ou de plénitude, la SAP (Sophro Acceptation Vitale) ou la SCS (Sophro Correction Sérielle). La personne sera évidemment invitée à réaliser les exercices de façon régulière, entre les différentes séances.
Enfin, les exercices seront adaptés en fonction de l’âge de la personne qui consulte le sophrologue. Nous constatons malheureusement que le surpoids, l’obésité et la boulimie frappent de plus en plus tôt. Ainsi, une enquête IPSOS menée en 2012 indique que 19 % des jeunes de 15 à 25 ans (soit un Français sur cinq) est en surpoids ou obèse. De plus, 61 % des jeunes Français mangent leurs repas devant la télévision ou l’ordinateur au moins une fois sur deux. Ces habitudes sont à la fois le reflet d’une « société de remplissage » (selon l’expression du Dr Christophe André, psychiatre). Elles témoignent en outre de paradoxes : celui d’échapper à l’instant présent (source de bonheur ou tout au moins de sérénité) et celui de sur-consommer des informations, dont la plupart, mauvaises… qui augmentent nécessairement notre anxiété ou nos replis. Phénomène de double peine, avec tous les risques qu’ils comportent, y compris sur le plan alimentaire !
Ici, la sophrologie touche aux fondements de la psychologie positive. Elle nous renvoie alors aux forces et aux vertus qui peuvent (ou qui devraient !) animer chacune et chacun d’entre nous.
Le plaisir n’est que le bonheur d’un point du corps. Le vrai bonheur, le seul bonheur, tout le bonheur est dans le bien-être de toute l’âme ». – Joseph Joubert
Source SOPHROACTU : Jean-Michel SCHLUPP